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La place de l’empathie dans la prise en compte des BEP des élèves

Par Cendrine MERCIER – Maitre de conférences à l’Université de Nantes et Psychologue - cendrine.mercier@univ-nantes.fr

Site : http://cren.univ-nantes.fr/author/cmercier/

Le 06 janvier 2021

     Le choix des mots pour exprimer une pratique pédagogique est essentiel et il est parfois difficile de comprendre ce qui se cache réellement derrière une notion. C’est pour cela qu’il est nécessaire de définir les concepts, comme dans le hors-série numérique des cahiers pédagogiques coordonnée par Connac et Etienne (2020). Aujourd’hui, nous nous intéressons au mot « empathie » qui a été repris dans un article récent de Catherine Guéguen (2020) : « Faut-il mettre l’empathie au cœur de l’enseignement ? ». Plusieurs études sont résumées pour rendre compte de la force d’impact de l’empathie sur le développement psycho-sociale des élèves et plus largement des enfants et des adolescents. Elle rappelle, en citant Damasio (1995), qu’il est fondamental que les enfants soient connectés à leurs émotions pour qu’ils puissent se connaitre davantage, être motivés, savoir choisir ce qui les intéresse et enfin vivre en société en tant qu’acteur responsable. Pour former des citoyens éclairés, éthique et moral, il est nécessaire de travailler sur les émotions pour les reconnaitre et les réguler en totale autonomie. L’école et les enseignants ont pour mission de développer l’empathie chez les élèves et de leur permettre de vivre ensemble et favoriser un état de bien-être, mais également pour favoriser leur développement cérébral comme l’indique l’auteure dans son article. En effet, elle souligne que la maltraitance émotionnelle, qui entraine un sentiment de peur ou de honte, est redoutable pour le cerveau immature, fragile et malléable des enfants et des adolescents. L’empathie est un moteur placé au centre des interactions sociales enseignants-élèves ou entre élèves permettant le développement du cerveau et notamment de la partie préfrontale.

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     Qu’en est-il des élèves présentant des Besoins Educatifs Particuliers (BEP) ? Comme l’indique Ebersold (2021) dans son dernier ouvrage, tous les élèves peuvent présenter à un moment ou à un autre, de manière ponctuelle ou permanente des BEP dans leur parcours scolaire. L’auteur qui place l’accessibilité comme un impératif indique quelle est également une forme de protection sociale sur l’exercice des droits individuels. En d’autres termes, tous les élèves doivent avoir un accès aux savoirs leur permettant un jour de s’insérer dans le monde actif, devenir un acteur et s’impliquer activement dans le bien-être collectif. Pour Ebersold (2021), il est nécessaire de construire un environnement optimal d’apprentissage susceptible de soutenir et de développer le potentiel dont est dépositaire tout élève grâce à l’édification d’un environnement scolaire approprié. Et si cet environnement devait être, en plus d’être inclusif, empathique ? Et si l’empathie devenait également un impératif au même titre que l’accessibilité ?

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     La diversité des profils cognitifs des élèves, en lien avec une situation de handicap, une situation sociale ou une situation de maltraitance émotionnelle (Guéguen, 2020), est une réalité de l’école. Il est temps de passer à une approche essentialiste (travailler sur les forces et les faiblesses des élèves -BEP-) plutôt que de maintenir une approche universaliste (environnement accessible à tous) tout en évitant d’utiliser « le terme d’inclusion comme un mot valise » (Plaisance, 2020). Les expériences scolaires des élèves peuvent être des leviers et parfois des freins aux apprentissages et l’école de demain doit pouvoir modifier leur rapport aux savoirs médiatisés par les enseignants (Deauviau et Terrail, 2020) pour leur permettre de développer leur potentiel dans le respect d’autrui (Bruliard, 2020). Si la diversité dans le cycle 1 est une évidence (Plane, 2020), elle l’est également pour les autres cycles. Il est temps de prendre en compte les individus dans leur entièreté afin de forger une société inclusive et empathique. Intervenir avec empathie auprès des élèves leur permet de développer leurs émotions, de faire preuve d’empathie à leur tour et de favoriser le développement du contexte préfrontal afin de réduire au maximum le risque de « sur-handicap » des élèves présentant des difficultés de tout ordre.   

 

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Bibliographie :

Bruliard, L. (2020). Inclure à l’école. Esprit, Novembre (11), 19‑21. https://www.cairn.info/journal-esprit-2020-11-page-19.htm

Connac, S., & Etienne, R. (2020). Petit dictionnaire des mots de l’éducation. Cahiers Pédagogiques, Hors-série numérique 55. http://www.cahiers-pedagogiques.com/Petit-dictionnaire-des-mots-de-l-education

Deauvieau, J., & Terrail, J.-P. (2020). L’école unique à la française : Dispositifs pédagogiques et inégalités sociales. Sociologie, Vol. 11(2), 167‑187. https://www.cairn.info/revue-sociologie-2020-2-page-167.htm

Ebersold, S. (2021). L’accessibilité ou la réinvention de l’école. ISTE Group.

Guéguen, C. (2020). Faut-il mettre l’empathie au cœur de l’enseignement ? Administration Education, N° 168(4), 157‑163. https://www.cairn.info/revue-administration-et-education-2020-4-page-157.htm

Plaisance, É. (2020). L’inclusion comme théorie pratique. Revista Educação Especial, 33(0), 63-1‑23. https://doi.org/10.5902/1984686X55337

Plane, S. (2020). Que signifie «â€¯enseigner » en maternelle ? Administration Education, N° 168(4), 103‑108. https://www.cairn.info/revue-administration-et-education-2020-4-page-103.htm

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Evaluation : "En moyenne, à quel âge un enfant (sans difficulté cognitive) développe son premier lexique (dans un « style télégraphique » selon Agnès Florin en 2019) ?"

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